À intervalles réguliers, Tag Heuer réédite son chronographe le plus fameux : la Monaco, une montre intemporelle, élevée au rang d’icône – sans nul doute l’un des garde-temps les plus élégants au monde, de ceux qui confèrent à ceux qui les portent une allure racée et résolument originale. Lancé à la fin des années 60 simultanément à New York et à Genève, ce bijou de technologie et de design dut attendre plusieurs décennies avant de connaître le succès qu’il méritait, et ce, malgré une entrée fracassante dans la légende au poignet de l’acteur américain Steve McQueen.

Tag Heuer Monaco bleu

Comment la Tag Heuer Monaco entra dans la légende

Il est peu dire que la première édition de la montre Tag Heuer Monaco, lancée le 3 mars 1969, ne rencontre pas le succès escompté par la marque. La faute à une esthétique audacieuse, qui chamboule sans doute trop frontalement les amateurs de chronographes : elle est, en effet, de forme carrée (de grande taille, de surcroît : 40 mm de côté), loin de la douceur des boîtiers arrondis ou du charme rectangulaire subtil d’une Jaeger-LeCoultre Reverso. Seuls quelques curieux, constituant une clientèle de niche, se laisse tenter par ces séries avec cadran étanche à fond bleu uni, aiguille des secondes rouge vif, et zones blanches, également carrées mais à bords arrondis, pour les compteurs. Et comme les révolutions ne viennent jamais seules, il s’agit également du premier chronographe automatique. Si l’arrivée de la Monaco n’a pas provoqué le tsunami attendu auprès du public, elle s’est pourtant signalée comme une date majeure dans l’histoire de l’horlogerie.

Il faudra le coup de pouce d’un film et d’un comédien en vogue pour aider la Monaco à trouver sa voie. Ce film, ce sera Le Mans, sorti en salles en 1971. Dans un but d’authenticité maximale, Steve McQueen, qui incarne le pilote automobile Joseph Siffert devant la caméra de Lee H. Katzin, insiste pour endosser la combinaison entière du héros des 24 heures du Mans, jusqu’à la Monaco de Heuer dont il était l’ambassadeur (une première dans le monde de la course), et en passant par l’écusson rouge de la marque cousu sur la poitrine.

Pour ce faire, McQueen délaisse, le temps d’un tournage, la Rolex Submariner qui l’accompagne partout. Portée fièrement par McQueen, la Tag Heuer Monaco, dont le cadran provocateur vient renforcer l’allure déterminée du comédien, se transforme en chronographe culte, bénéficiant de l’aura rebelle et prestigieuse du comédien. Par la suite, et comme une évidence, la technologie développée par Tag Heuer a permis à la marque de devenir le chronométreur officiel de plusieurs compétitions automobiles.

Tag Heuer Steve Mcqueen

Pourtant, les amateurs de montres peine à suivre. Le garde-temps a acquis une réputation mondiale, et son nom – choisi en référence au rocher princier pour séduire un public haut de gamme, dans la foulée du précédent modèle de la marque, baptisé Monte-Carlo – lui confère une aura toute particulière. Mais il n’attire toujours pas les foules, celles-ci se montrant peut-être trop frileuses au moment de porter elles-mêmes ce bijou si original. La Monaco disparaît alors progressivement des écrans radars pour presque trois décennies, jusqu’à ce que la marque suisse réédite son modèle en 1998, dans une édition limitée à 5 000 exemplaires, avec fond noir uni. Le monde, sans doute, est désormais mûr pour les changements esthétiques majeurs – car la Tag Heuer Monaco nouvelle formule devient un best seller.

Dès lors, tout en restant fidèle à son modèle original, la Monaco connaît de nombreuses améliorations. Elle se décline en versions de plus petites tailles, s’amincit (jusqu’à 37 mm de côté), s’arrondit (aux arrêtes), se pare d’un nouveau cadran en verre de saphir (exit l’hesalite d’antan), et change même de mécanisme (les successeurs du calibre 11 historique font leur apparition). Depuis la fin des années 90, la Monaco est redevenue le cœur de la stratégie commerciale de l’horloger Tag Heuer, qui entretient son éternel pouvoir de séduction – auprès des amateurs de course automobile, mais pas seulement.

Près de cinquante ans après, le boîtier carré étonne toujours, mais plus pour les mêmes raisons : il séduit plus qu’il ne décontenance. Les représentants de la marque l’ont reconnu eux-mêmes : ce design était une folie, mais il s’adaptait parfaitement à l’ambition de l’horloger suisse, désireux de marcher hors des sentiers battus, quitte à prendre tous les risques. Car c’est en s’éloignant du chemin tracé que l’on augmente ses chances de découvrir des merveilles !

Tagu Heuer Monaco

Le calibre 11 : un mécanisme révolutionnaire

S’il est juste de dire que le lancement de la Tag Heuer Monaco bouscula les codes esthétiques du monde de l’horlogerie, jusqu’à décontenancer le public de par son design provocateur, il est tout aussi vrai de rappeler que la révolution majeure portée par ce chronographe résidait dans son mécanisme. La Monaco fut, en effet, l’une des trois premières montres à être équipée d’un mouvement automatique à microrotor, le « chronomatic calibre 11 », développé en commun par Heuer, Breitling et Hamilton. Un mécanisme tellement précis qu’il équipe toujours les instruments chronométriques utilisés par les professionnels.

Sur le modèle original, les poussoirs et la couronne de remontage se trouvent ensemble sur le côté droit du boîtier. Ce design fut modifié à la fin du XXe siècle lors de la réédition de la Monaco, avec un remontoir déplacé du côté gauche ; mais l’esthétique originelle retrouva ses droits pour les modèles suivants, comme pour faire écho à la seule, la vraie Tag Heuer Monaco : celle de 1969.

Tag Heuer Monaco V4 Tourbillon

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