
Métal des rois, empereurs et de la noblesse depuis des millénaires, l’or a toujours fasciné les Hommes grâce à sa teinte unique, sa rareté, mais aussi ses propriétés physiques qui permettent de le façonner ou le graver pour en faire des bijoux d’exception. Alors forcément, l’horlogerie a très rapidement adopté ce métal pour l’esthétisme qu’il peut apporter lorsqu’il est utilisé, pour rendre aussi une pièce plus rare, noble et chère, mais aussi pour certains de ses aspects techniques.
Dans ce guide, je vous emmène découvrir tout ce qu’il faut savoir sur l’utilisation de l’or en horlogerie.
L’or, le roi des métaux précieux
Lorsque l’on pense aux métaux précieux, l’or vient tout de suite à l’esprit, bien avant l’argent, le bronze ou le platine. En effet, et cela depuis l’Antiquité avec notamment les civilisations méditerranéennes et du Moyen-Orient qui vont l’utiliser pour réaliser des bijoux et ornements des hauts dignitaires et rois. C’est notamment le cas en Égypte, en Grèce ou à Rome. Pourquoi un tel attrait ? Tout simplement car l’or est résistant à la corrosion, à l’oxydation et son éclat très durable, mais aussi qu’il est rare (mais trouvable naturellement par exemple dans les rivières).
L’or est donc un métal noble qui a aussi la particularité d’être très malléable et ductile, c’est même la matière la plus ductile connue, ce qui permet donc de réaliser facilement des gravures, mais aussi de faire des fils d’or, etc. C’est donc logiquement un métal idéal pour la bijouterie et la joaillerie, et aussi pour l’horlogerie pour réaliser les boîtiers des montres ou les décors d’une pendule ou horloge.
C’est pour cela que la première montre en or date du XVIe siècle, quasiment lors de l’apparition de ces objets (voir l’histoire de l’horlogerie). On retrouve donc de plus en plus de montres de poche en or, propriété de riches marchands ou nobles, car avoir ce type d’objets permettait de prouver sa richesse.
L’utilisation de ce métal précieux va alors continuer à travers les siècles et même au XXe siècle où il va devenir le métal utilisé par la Haute Horlogerie (notamment chez Patek Philippe ou Vacheron Constantin), mais aussi dans des montres plus sportives par exemple chez Rolex ou OMEGA avec de nombreuses pièces vendues en or.
Des propriétés physiques et chimiques d’un métal noble
Si l’or est si cher, c’est pour sa beauté et sa rareté, mais c’est aussi grâce à ses caractéristiques techniques :
- Une couleur assez unique : la plupart des métaux sont gris ou blanc argenté, mais l’or est d’un jaune brillant métallique qu’on dit doré, ce qui le rend si différent et si apprécié.
- Ductile et malléable : c’est d’ailleurs l’un des métaux les plus ductiles et malléables connus, ce qui permet de le graver facilement (sa dureté est de seulement 2,5 à 3), mais aussi de le marteler pour en faire des feuilles d’or de quelques microns d’épaisseur (avec seulement 31 grammes d’or, on peut faire une feuille de 8 m² !) ou de l’étirer dans de longs fils d’or sur plusieurs dizaines de mètres avec des épaisseurs là encore du micron.
- Dense et lourd : l’or est très lourd, et donc une montre en or est lourde, bien plus qu’en acier, ce qui permet de donner une sensation de qualité supérieure. C’est aussi très utile pour certains éléments d’un mouvement comme la masse oscillante.
- Inoxydable et non corrosif : ce métal ne subit pas ou peu les effets de la corrosion et de l’oxydation, ce qui est très pratique pour une utilisation dans l’eau de mer ou tout simplement sur la peau.
- Biocompatible : l’or ne réagit pas et n’est pas allergène, comme par exemple le nickel présent parfois dans l’acier inoxydable. C’est donc idéal pour le boîtier et le bracelet en contact avec la peau.
En plus de ces caractéristiques utiles à l’horlogerie, l’or a la particularité d’être un très bon conducteur thermique et électrique.
À quoi sert l’or en horlogerie ?
Principalement utilisé pour l’habillage d’une montre, notamment la boîte, le bracelet, la boucle, le cadran ou les aiguilles, l’or va en effet donner un côté luxe à une montre, grâce à sa teinte, son poids et sa rareté. Il est aussi beaucoup utilisé pour l’habillage, car il est très malléable, ce qui est pratique pour être poli, gravé ou même serti de pierres. Il peut être aussi utilisé comme base pour l’émaillage des cadrans notamment.
En plus de l’utilisation pour l’habillage de la montre, l’or peut aussi être utilisé dans le mouvement pour ses propriétés physiques. Il est notamment utilisé sur la masse oscillante ou les masselottes du balancier car sa masse volumique importante (l’or est très lourd) rend plus efficaces ces types de pièces. Dans les mouvements, l’or est aussi parfois utilisé sur les ponts, les roues, ou encore la platine, mais avec un objectif plus esthétique.
Les différents types d’or utilisés en horlogerie
L’or est rarement utilisé pur (24 carats), tout simplement car il est trop mou, surtout pour faire des montres. On utilise donc en horlogerie surtout des alliages d’or, qui titrent à 750/1000 ou 18 carats (en France ce type d’or est appelé “or”), mais il existe aussi d’autres titres avec plus ou moins d’or (ce qui modifie l’aspect, la dureté de l’or et son prix).
L’or est donc majoritairement utilisé en alliage pour une question de dureté et de prix, mais aussi pour sa teinte. Plus récemment, les horlogers ont aussi créé des alliages d’or spécifiques pour se démarquer des autres maisons.
Les titres de l’or
Voici les différents titres d’or (système carats et système français en millièmes) :
- Or 24 carats : 999/1000 d’or
- Or 22 carats : 916/1000 d’or
- Or 18 carats : 750/1000 d’or
- Or 14 carats : 585/1000 d’or, c’est un alliage d’or
- Or 9 carats : 375/1000 d’or, c’est un alliage d’or
Les couleurs de l’or
Les teintes ou couleurs de ce métal sont importantes, car elles permettent aux horlogers de proposer différentes variations de style pour leurs montres. On retrouve notamment les termes or jaune, rose, rouge, gris ou blanc, mais aussi une norme de l’industrie horlogère suisse (NIHS) avec les ors de 2N à 6N. Les montres suisses disposent aussi d’un poinçon prouvant leur grammage avec notamment la Tête de Saint-Bernard.
Voici les différentes couleurs de l’or :
- Or jaune 2N : 75 % d’or, 16 % d’argent et 9 % de cuivre
- Or jaune foncé 3N : 75 % d’or, 12,5 % d’argent et 12,5 % de cuivre
- Or légèrement rose 4N : 75 % d’or, 9 % d’argent et 16 % de cuivre
- Or rose 5N : 75 % d’or, 4,5 % d’argent, 20,5 % de cuivre
- Or rouge 6N : 75 % d’or, 5 % d’argent, 24,1 % de cuivre et 0,4 % de plomb
- Or gris : 75 % d’or, de l’argent et du palladium
- Or blanc : le nickel étant interdit en Europe pour cause d’allergie, il s’agit souvent d’or gris avec une fine couche de rhodium dessus (elle va disparaître avec le temps et nécessite d’être refaite par exemple).
Il existe aussi d’autres ors comme l’or vert, l’or bleu ou l’or violet, mais ceux-ci ne sont pas ou presque pas utilisés en horlogerie. Par contre, il existe un or noir qui est principalement réalisé avec du PVD et qui permet d’avoir un or brun ou noir.
Le placage d’or
Même si cette technique est aujourd’hui plus rare, il existe des montres plaquées or, ce qui permet d’avoir un boîtier et/ou un bracelet en acier ou laiton sur lequel on rajoute une fine couche d’or 18 ou 24 carats. On obtient alors une montre avec la couleur de l’or avec un coût bien inférieur à de l’or massif, car l’or coûte aujourd’hui très cher (entre 80 000 et 90 000 euros le kg). En France, il faut au minimum 5 microns d’épaisseur de placage, mais la plupart des horlogers vont plus haut avec une épaisseur de 20 microns, de 50 ou 80 microns, voire même 200 microns.
Le PVD or rose ou jaune
En plus du placage, il existe aussi un traitement chimique par dépôt physique en phase vapeur, qui est un procédé de revêtement sous vide et dans un four. Il y a donc un revêtement en nitrure de titane sur lequel on va vaporiser de l’or. Ce traitement offre une bonne résistance, mais l’épaisseur étant de 1 à 3 microns, le PVD est sensible aux rayures.
Les ors développés par les horlogers
Depuis quelques années maintenant, les maisons horlogères développent leurs propres alliages d’or dans le but d’obtenir une couleur différente ou des capacités techniques nouvelles, mais c’est aussi un argument marketing important.
Voici donc quelques-uns des alliages les plus connus du marché :
- 5Npt de Panerai : c’est un or rose avec 24 % de cuivre et un peu de platine, ce qui donne une forte teinte rouge à la montre.
- EON Gold de Roger Dubuis : cette horlogerie de haut niveau propose un alliage d’or avec pour objectif d’avoir une couleur plus éclatante qui dure plus longtemps.
- Everose Gold de Rolex : créé en 2005, il s’agit d’un alliage d’or avec du cuivre et du platine, la teinte de rose tient bien dans le temps grâce à une bonne résistance à l’oxydation.
- Goldtech de Panerai : il s’agit aussi d’un alliage d’or avec plus de cuivre et du platine pour donner un or rose plus éclatant et résistant.
- Honeygold d’A. Lange & Söhne : la manufacture allemande propose aussi depuis 2010 son propre or avec cet or à la couleur plus proche du miel que de l’or rose. Il est plus dur que les autres et donc plus difficile à travailler.
- King Gold d’Hublot : alliage avec plus de cuivre pour la couleur rouge et du platine pour la stabilité de l’alliage.
- Magic Gold d’Hublot : il s’agit d’un alliage très spécifique car combinant de l’or liquide à haute pression à du carbure de bore pressé à froid. Il s’agit donc d’un mélange d’or et de céramique qui a une résistance de 1000 Vickers (contre 400 pour l’or classique ou 600 Vickers pour un bon acier) et donc ne peut être rayé que par le diamant !
- Moonshine Gold d’Omega : en 2019, la manufacture de Bienne propose un alliage pour améliorer l’or jaune traditionnel avec une teinte plus douce et claire et une brillance qui dure au fil du temps.
- Sand Gold d’Audemars Piguet : il s’agit d’un alliage de cuivre, de palladium et d’argent avec une texture douce et satinée et une couleur rappelant le sable.
- Sedna Gold d’Omega : il s’agit d’un alliage plus résistant et éclatant contenant notamment du palladium et du cuivre pour une teinte rose incomparable et proposé à partir de 2013.
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