La montre connectée : une véritable révolution horlogère ?

Depuis quelques mois déjà, les montres connectées ou Smart Watches font l’actualité dans le marché de l’électronique et des dernières technologies, mais aussi des montres. Le salon de l’électronique de Berlin – l’IFA – qui s’est ouvert le 4 septembre 2013 est l’occasion pour certains fabricants électroniques de présenter leurs nouveaux modèles de Smart Watch.

Ce nouveau type de montres risque-t-il de fragiliser l’industrie horlogère existante (mécanique et quartz), comme l’avaient fait il y a 30 ans la révolution du Quartz et la déferlante japonaise qui suivit ?

Tour d’horizon des montres intelligentes

Sony fut un des premiers à dégainer avec sa SmartWatch qui sortit en 2012. Vraie réussite technologique, cet objet connecté en forme de montre est sans doute arrivé trop tôt sur le marché pas encore mûr. En juin de cette année, la Sony SmartWatch 2 est présentée et sa sortie est attendue pour septembre. Elle propose une montre sous Android équipée d’une technologie NFC et splash proof. La montre embarque un écran de 1,6 pouce (220 x 176 pixels), plus grand que l’ancien écran de 1,3 pouce, qui est plus réactif et qui est visible de l’extérieur. Elle est disponible au prix de 199 euros.

Sony SmartWatch-2

D’autres petites sociétés, jusque-là inconnues, se sont déjà lancées dans le marché. La Neptune Pine est une montre très futuriste qui dispose, quant à elle, d’un écran de 2,4 pouces, d’un capteur de 5 millions de pixels, ainsi que d’une capacité de stockage de 16 Go à 32 Go. Le prix est de 335 dollars.

Neptune Pine

La Pebble Watch (120 euros) est une montre dont le développement a été fait avec une levée de fonds par financement collaboratif. Elle est compatible avec Android ou IOS. Elle vibre lors de la réception d’appel, de SMS, d’email ou de notification. La Pebble Watch, c’est surtout une autonomie exceptionnelle de 7 jours grâce à son écran e-ink à basse consommation, mais non tactile.

Pebble Watch

L’IFA de Berlin, qui a lieu en ce moment, est donc l’occasion pour Samsung de présenter sa fameuse Galaxy Gear.  Beaucoup de rumeurs ont circulé sur internet sur cette montre intelligente. Elle était d’ailleurs attendue par les geeks et les technophiles. Cependant,  à vouloir dégainer trop tôt, Samsung a déçu. La montre, au design plus que passable, dispose d’un écran 1,6 pouce de 320 x 320 pixels, d’un appareil photo et d’une mémoire interne de 4 Go. Le problème est sans doute aussi dû au manque d’autonomie (à peine un jour) ou encore au manque de comptabilité avec les autres Smartphones Android que ceux de Samsung. Pour la disponibilité, elle devrait être sortie le 25 septembre pour un prix de 299 euros.

Samsung Galaxy Gear

Déjà les caractéristiques de la montre avaient déçu, mais le camouflet fut plus important encore quand Qualcomm – le numéro un mondial des processeurs ARM (technologie concurrente au X86 d’Intel et d’AMD, principalement utilisée dans les ordinateurs) – a présenté sa Toq lors d’une conférence à San Diego. Cette Smart Watch dispose d’un écran Mirasol, une technologie sans rétro-éclairage et qui se sert de la réflexion de la lumière ambiante. L’avantage est donc incontestable, avec une autonomie de 5 jours, avec un bracelet qui recharge par induction. La Qualcomm Toq est compatible avec tous les Smartphones sous Android. Son prix sera de 300 dollars.

Montre Qualcomm Toq

Les modèles actuels de montres intelligentes ne sont donc pas très séduisants actuellement, même si la Qualcomm Toq est déjà beaucoup plus intéressante que la Samsung Gear. Cependant, il faudra patienter les modèles de Google et d’Apple pour voir si la montre connectée est un objet intéressant. Pour l’instant en tout cas, je ne vois pas l’intérêt de cet objet.

Un marché en plein développement ?

En tout cas, même si les projets ne sont pour l’instant guère innovants ou révolutionnaires, le marché de la Smart Watch devrait fortement se développer. Cette année, le cabinet d’études Canalys prévoit 500 000 ventes de montres connectées. Ce n’est pas encore énorme, mais toujours selon le même cabinet, 5 millions d’exemplaires devraient trouver preneur. Certains analystes (Wanli Wang de chez CIMB Securities) prévoient même qu’Apple pourrait livrer 63 millions d’iWatch l’année qui suivrait sa sortie.

Les montres connectées devraient être un marché très intéressant pour les géants de l’électronique et de l’informatique.

La montre connectée, un danger pour l’horlogerie traditionnelle ?

Il devrait y avoir 40 à 60 millions de montres connectées d’ici 3 ans contre environ 30 millions de montres suisses l’année dernière. On peut donc légitimement se demander si une arrivée aussi massive de Smart Watches au poignet des gens ne risque pas de les détourner de l’horlogerie traditionnelle.

Les analystes comme les horlogers suisses ne sont pour l’instant pas trop inquiets. Car, comme nous le rappelle l’Atelier BNP Paribas, la majorité des montres suisses (88%) ont une valeur moyenne de plus de 760 euros. Or, le prix des Smart Watches, qui se trouve entre 150 et 300 euros, ne devrait logiquement concurrencer que les montres jusqu’à 500 euros. Ce marché est actuellement plus la chaise gardée des montres accessoires fabriquées en Chine, comme Ice Watch ou Fossil.

Pourtant, Swatch ou Tissot du Swatch Group pourraient être touchées par cette nouvelle concurrence. Cependant, le groupe suisse est largement poussé par ses marques Omega, Breguet, Longines ou encore Blancpain. C’est sans doute pour cela que Nick Hayek, le président du groupe Swatch a des doutes sur la « révolution des montres intelligentes ». Il a même ouvert ses portes à Apple pour montrer les technologies que l’entreprise détient par rapport à ces nouvelles montres. Pourtant, il y a neuf ans, Swatch s’était déjà lancée dans l’aventure de la montre intelligente avec la Swatch Paparazzi, sans doute trop tôt pour le succès.

Swatch Paparazzi

Rolex aussi n’est pas paniquée par cette nouvelle arrivée, car la marque à la couronne rappelle qu’il y a une différence entre ceux qui achètent leur montre pour le côté pratique ou pour le côté émotionnel.

Jean-Claude Biver, l’emblématique PDG de Hublot n’est pas aussi rassurant, pour lui : « Il serait prétentieux de penser que ce type de montres ne fera pas de concurrence aux montres suisses, mais il est certain qu’elles ne feront en tous cas pas concurrence aux montres suisses haut de gamme, soit à la plus grande partie des exportations ».

Je pense donc réellement que les montres connectées peuvent être un danger pour une partie de l’horlogerie. Pourtant, je ne vois pas personnellement l’intérêt d’un tel objet. Pour moi, les acteurs les plus touchés seront ceux qui vendent des montres à moins de 500 euros. C’est donc du côté de Swatch, Ice Watch, Casio et de la plupart des marques que l’on trouve dans les galeries marchandes. En effet, chaque personne n’a que deux poignets et la plupart des gens n’ont pas envie de porter un second objet de type montre. Il faudra donc choisir entre un garde-temps traditionnel ou une Swart Watch.

C’est pour cela que je pense que ces marques vont devoir se lancer, elles aussi, dans les montres connectées si elles veulent résister à cette vague annoncée.

A lire ensuite : La Tag Heuer avec sa propre Smartwatch, l’état du marché des montres intelligentes et la Withings Activités.